LES ENJEUX DE LA COOPÉRATION ENTRE DISCIPLINES
L’approche socio-énergétique.
Tristan MAARAWI (Cabinet d’études n-clique)
Valentin RIBOULE (Cabinet d’études n-clique)
Pascal YERRO (Cabinet d’études AlterEne faisant partie d’Alter-Bâtir)
L’approche socio-énergétique est rendue possible grâce à l’association complémentaire entre sociologues de terrain et ingénieurs énergéticiens. Elle consiste à croiser le diagnostic énergétique technique d’un bâtiment avec le regard de ses utilisateurs réguliers et l’usage qu’ils en font. Elle résulte d’une conviction : la recherche de réduction des consommations d’eau, d’énergie et d’émissions de gaz à effet de serre, consiste à ne jamais dissocier l’efficacité des équipements de leur mode d’utilisation.
Notre équipe combine une expertise pluridisciplinaire autour de trois grands domaines :
- Le diagnostic d’usages : étude des comportements et pratiques individuelles ou collectives dans le bâtiment à partir de méthodes d’enquêtes sociologiques menées conjointement avec les ingénieurs énergéticiens
- Le diagnostic technique : étude technique des consommations énergétiques et dysfonctionnements par les ingénieurs en rapport continu avec les sociologues
- Les ateliers d’accompagnement : sensibilisation aux comportements favorisant les économies d’énergie et d’eau et « éco-gestes ».
La démarche socio-énergétique n’est donc pas une superposition d’analyses thermique, énergétique et sociologique mais bien une approche commune.
Notre communication se focalise sur l’intervention des sociologues dans le cadre de cette approche socio-énergétique appliquée à un cas concret (méthodes employées et résultats obtenus, mise en commun des compétences, pistes de développement).
Dans le cadre de notre intervention, nous utilisons des méthodes d’enquêtes de terrain qualitatives afin d’observer et de recenser les comportements et les ressentis face à l’utilisation d’eau et d’énergie dans le bâtiment. Ainsi des entretiens sont menés avec les usagers réguliers du bâtiment afin d’obtenir un retour sur leur perception des dysfonctionnements, de leur confort et de leur rapport à leurs consommations énergétiques. De plus, des sessions d’observations fixes et en mouvement sont réalisées dans les espaces du bâtiment afin de relever des informations sur les modes d’utilisation des zones observées. L’objectif est de fournir des données précises sur d’éventuels dysfonctionnements et sur les types de consommations énergétiques dans le bâtiment. Ces informations permettent de comprendre certains dysfonctionnements et d’adapter ensuite au mieux l’intervention d’accompagnement et d’appropriation des « éco-gestes ». Il reste néanmoins important d’envisager les limites de notre approche qui se déroule dans des temporalités particulières et permettre le développement de pistes de réflexions.
MOTS CLÉS : méthodes, approche pluridisciplinaire, éco-gestes, bâtiments basse consommation, diagnostic
Quand la question énergétique bouleverse les modes de faires scientifiques : L’« interdisciplinarité radicale » entre SHS et SI.
Géraldine MOLINA (IRSTV/CERMA)
Anne BERNABÉ (IRSTV/LEEHA)
Marjorie MUSY (CERMA/IRSTV)
Le plan de rénovation énergétique de l’habitat (PREH) prévoit de rénover 500 000 logements par an d’ici 2017. Nombre de rénovations consistent à la seule pose d’une isolation thermique par l’extérieur afin de limiter la précarité énergétique en hiver. En milieu méditerranéen, se pose alors la question du confort d’été. En effet, la chaleur accumulée au cours de la journée peut être difficile à évacuer si l’occupant n’agit pas sur son environnement direct. Couplé avec des épisodes caniculaires cela peut devenir fatal pour les personnes fragiles.
L’objectif de notre étude est d’analyser l’évolution thermique d’appartements occupés et d’établir un modèle de comportement prédictif de l’occupant afin de quantifier l’impact des modifications architecturales et comportementales sur le confort thermique et les performances énergétiques des bâtiments. L’objet d’étude est un ensemble de deux résidences situées sur la commune de Vauvert (Gard). De caractéristiques constructives identiques et suite à des rénovations similaires (VMC, Chaudières, Fenêtres), l’une d’entre elles a depuis été isolée thermiquement par l’extérieur. L’analyse des conditions thermiques réelles, du comportement individuel de l’occupant et des consommations d’énergie est basée sur des enquêtes et une instrumentation in-situ dans les séjours de 13 appartements. Elle permet de modéliser plus finement les paramètres nécessaires pour les simulations de thermique dynamique. Ces dernières aident à la compréhension de l’impact d’une réhabilitation énergétique sur le confort et les consommations énergétiques des bâtiments en milieu méditerranéen.
En hiver, l’analyse des mesures confirme l’intérêt d’isoler les bâtiments par l’extérieur pour améliorer le confort tout en diminuant les consommations énergétiques. En été, cette tendance n’est pas confirmée. Le comportement de l’individu a ainsi un rôle primordial afin de se protéger de l’inconfort d’été. L’objectif est donc de proposer des modifications architecturales et/ou comportementales afin d’améliorer le confort tout en diminuer les consommations énergétiques dans l’habitat social méditerranéen à réhabiliter.
MOTS CLÉS : confort thermique, réhabilitation, performance énergétique, habitat social, comportement individuel.
Une approche sociogéographique pour appréhender le lien entre les pratiques urbaines et les pratiques énergétiques.
Léa THONAT (GDF SUEZ/CRIGEN)
Ces dernières années, les diverses recherches menées sur les pratiques énergétiques au sein de logements ont fait apparaître plusieurs figures de consommateurs dépendantes de l’âge, du niveau de vie, du type de logement, etc. Un enseignement majeur : la recherche du confort associé à un souci d’optimisation des dépenses explique grandement les pratiques. Au-delà de ces critères, les sociologues du CRIGEN ont cherché à vérifier l’interaction entre les pratiques urbaines, les perceptions de l’environnement direct du bâtiment sur le niveau d’investissement de son logement ainsi que sur ses pratiques énergétiques.
La communication proposée a pour objet de démontrer la pertinence d’une analyse sociogéographique pour affiner la compréhension des pratiques énergétiques au sein du logement. Nous entendons par approche sociogéographique l’adaptation de la méthode des Sociotopes développée par Alexander Stähle en 2002. Cette dernière constitue un outil de visualisation et de traduction cartographique des perceptions et des représentations des usagers des espaces urbains considérés (parc, rues, équipements extérieurs…). Initialement conçue à Stockholm, cette méthode consiste à identifier et à analyser la valeur sociale et/ou culturelle des différents espaces au travers d’enquêtes qualitatives réalisées auprès des habitants. Cette communication a pour ambition de démontrer comment mieux comprendre les pratiques au cœur du logement. Autrement dit, nous montrerons en quoi cette approche sociogéographique permet d’interroger les liens entre pratiques urbaines et pratiques énergétiques.
Dans un premier temps, nous présenterons cette méthodologie, au travers d’un cas d’application dans le cadre d’un consortium créé autour de la Cité Jardin de Gerland (Lyon). Après l’évaluation de cette analyse sociogéographique, ses points forts et ses marges d’amélioration, nous évoquerons quelques exemples significatifs pour appréhender les liens entre pratiques urbaines et énergétiques.
MOTS CLÉS : approche sociogéographique, pratiques urbaines, pratiques énergétiques, résidents, usagers.
La place de la sociologie dans un projet interdisciplinaire de smart grid.
Grégoire WALLENBORN (Université Libre de Bruxelles/ Centre d’Etudes du Développement Durable)
Georgia GAYE (Université Libre de Bruxelles/ Centre d’Etudes du Développement Durable)
Nous avons participé en tant que sociologues dans un projet belge de recherche sur la flexibilité des utilisateurs dans un smart grid en Belgique. Nous nous proposons de réfléchir à la place de la sociologie dans ce consortium dominé par des ingénieurs, des économistes et des entreprises. Nous souhaitons comprendre comment les idées et les données circulent entre différentes disciplines aux présupposés épistémiques hétérogènes et comment nous pouvons rendre justice aux observations recueillies lors de notre terrain. Ce terrain est double. D’une part, nous avons développé un cadre théorique basé sur la théorie des pratiques, la sociologie des usages et une approche STS, et interviewé à deux reprises 29 usagers de pompes à chaleur. D’autre part, nous avons observé et interviewé nos partenaires de recherche afin de comprendre comment ils ont perçu notre contribution au projet commun.
Nous analysons d’abord la manière dont certains concepts (acceptabilité, résistance, engagement, appropriation, délégation, confort, flexibilité) sont utilisés dans les différentes disciplines (économie, technologie, sociologie). Nous montrons quelles hypothèses explicites et implicites à propos des capacités des usagers fondent les différentes ontologies disciplinaires. Dans les modèles économiques et technologiques, la complexité des usages est réduite à quelques paramètres manipulables — alors que le rôle des usagers dans le développement des smart grids est unanimement reconnu. Nous observons que les considérations environnementales et collectives sont absentes de la conception actuelle des smart grids parce qu’elle ne font pas partie de l’ontologie de l’ingénieur ou de l’économiste.
Afin d’analyser la manière dont les données sont traduites et articulées entre les disciplines, nous utilisons les concepts d’« obligation et exigence » (Stengers 1996) et de « objet frontière » (Star & Griesemer 1989). Ainsi, la sociologie exige que nous transmettions fidèlement les observations de notre terrain. Mais notre obligation est de fournir aux partenaires une information qu’ils peuvent utiliser. Dès lors, la construction de « profils » d’usagers ou de « personas » est une manière d’instaurer des objets frontières entre différentes pratiques disciplinaires. Cela implique cependant de réduire nos observations à des entités manipulables. Nous concluons par quelques réflexions sur les façons d’ouvrir des espaces interdisciplinaires centrés sur des dispositifs sociotechniques qui comprendraient une véritable dimension participative de la part des usagers.
MOTS CLÉS : smart grid, usager, théorie des pratiques, STS, interdisciplinarité.
ENQUÊTER SUR LES PRATIQUES ÉNERGÉTIQUES
APPROCHE(S) MÉTHODOLOGIQUE(S)
Confort thermique et habitat social réhabilité en milieu méditerranéen.
Cécile BATIER (Université Montpellier 2/LMGC ; ENSAM/LIFAM)
Franck CEVAËR (Université Montpellier 2/LMGC)
Jean-François DUBÉ (Université Montpellier 2/LMGC)
Vinicius RADUCANU (ENSAM/LIFAM)
Le plan de rénovation énergétique de l’habitat (PREH) prévoit de rénover 500 000 logements par an d’ici 2017. Nombre de rénovations consistent à la seule pose d’une isolation thermique par l’extérieur afin de limiter la précarité énergétique en hiver. En milieu méditerranéen, se pose alors la question du confort d’été. En effet, la chaleur accumulée au cours de la journée peut être difficile à évacuer si l’occupant n’agit pas sur son environnement direct. Couplé avec des épisodes caniculaires cela peut devenir fatal pour les personnes fragiles.
L’objectif de notre étude est d’analyser l’évolution thermique d’appartements occupés et d’établir un modèle de comportement prédictif de l’occupant afin de quantifier l’impact des modifications architecturales et comportementales sur le confort thermique et les performances énergétiques des bâtiments. L’objet d’étude est un ensemble de deux résidences situées sur la commune de Vauvert (Gard). De caractéristiques constructives identiques et suite à des rénovations similaires (VMC, Chaudières, Fenêtres), l’une d’entre elles a depuis été isolée thermiquement par l’extérieur. L’analyse des conditions thermiques réelles, du comportement individuel de l’occupant et des consommations d’énergie est basée sur des enquêtes et une instrumentation in-situ dans les séjours de 13 appartements. Elle permet de modéliser plus finement les paramètres nécessaires pour les simulations de thermique dynamique. Ces dernières aident à la compréhension de l’impact d’une réhabilitation énergétique sur le confort et les consommations énergétiques des bâtiments en milieu méditerranéen.
En hiver, l’analyse des mesures confirme l’intérêt d’isoler les bâtiments par l’extérieur pour améliorer le confort tout en diminuant les consommations énergétiques. En été, cette tendance n’est pas confirmée. Le comportement de l’individu a ainsi un rôle primordial afin de se protéger de l’inconfort d’été. L’objectif est donc de proposer des modifications architecturales et/ou comportementales afin d’améliorer le confort tout en diminuer les consommations énergétiques dans l’habitat social méditerranéen à réhabiliter.
MOTS CLÉS : confort thermique, réhabilitation, performance énergétique, habitat social, comportement individuel.
L’expérimentation « Smart Electric Lyon » : la trajectoire d’expérimentation comme dynamique sociale d’appropriation et de diffusion.
Cécile CARON (EDF R&D – GRETS)
Dans le domaine de la gestion de la demande d’électricité, les études et projets pilotes dans le secteur résidentiel conduits à travers le monde sur la tarification dynamique, le pilotage des usages ou les dispositifs d’informations (Darby, 2006 ; Faruqui, 2010) empruntent très largement à la démarche expérimentale. Ils cherchent principalement à mesurer en situation réelle et contrôlée auprès d’un ensemble de ménages les effets, ainsi que leur maintien dans le temps, de ces dispositifs sur la courbe de charge. La robustesse des résultats obtenus est rapportée à la représentativité des panels et groupes témoins (Fisher, 2008). Néanmoins, depuis les enquêtes (1927-1939) menées à la Western Company, on mesure que l’engagement des participants est en partie modelé par les dispositifs de suivi et d’observation produits par le cadre expérimental (Roethlisberger & Dickson, 1939). Une tension structurelle traverse donc la conduite des expérimentations qui cherchent dans le même temps à neutraliser l’effet « hawthorne » et les formes de réflexivité induites par le mode expérimental pour évaluer l’efficacité des dispositifs proposés (Teil, Muniesa, 2006) et à s’appuyer sur les dispositifs stylistiques propres au mode expérimental qui incitent les participants à être parties prenantes des résultats (Lanham, 2006) afin d’accompagner les incitations au « changement de comportement ».
Nous nous proposons, au travers d’un travail d’enquête qualitatif réalisé auprès des foyers expérimentateurs dans le secteur résidentiel et des porteurs de projet d’une expérimentation menée sur le territoire du Grand Lyon, le projet « Smart Electric Lyon », de voir comment cette tension et les incertitudes qu’elle génère modèlent l’appropriation des différents dispositifs expérimentés.
Le projet Smart Electric Lyon réunit avec le soutien des pouvoirs publics un consortium de 20 acteurs, industriels de la filière électrique et universitaires, sur le territoire du grand Lyon, pour développer, expérimenter et évaluer des solutions tarifaires, d’information et de pilotage, compatibles avec le compteur d’électricité Linky, cherchant à la fois à favoriser la maîtrise de la consommation d’électricité et la flexibilité de la demande lors des pics hivernaux. Il apparaît que le dispositif expérimental constitue une véritable « trajectoire » qui lie les événements qui en émaillent le cours à toute l’organisation du travail déployée à le suivre (Strauss, 1985, trad. Fr. 1991). Ici, les étapes clefs du processus expérimental, (recrutement des foyers participants, installation du matériel d’effacement à domicile, signalisation des jours de pointe, réunion des participants, réception des factures et bilan de consommation) vont, via les dispositifs et professionnels ou les collectifs impliqués dans leur portage contribuer à forger le sens et les modalités d’appropriation des dispositifs expérimentés : mise en avant du tarif et des gains financiers au moment du recrutement, focalisation sur l’effacement après l’installation du matériel de pilotage, renforcement de la conception participative après les « soirée des pionniers ». Ces moments de focalisation interrogent, du point de vue des participants, la complémentarité des trois dispositifs (tarifaire, d’information, de pilotage), dont l’utilisation finit par se stabiliser dans des pratiques perdant la dynamique incitative originelle. Le mode expérimental met non seulement à l’épreuve l’innovation en devenir, mais il est aussi mis à l’épreuve par de multiples réappropriations.
MOTS CLÉS : mode expérimental, projet démonstrateur, smart grids, innovation, consommation d’énergie.
Méthodologies d’enquêtes en espace commercial : circulation des savoirs pour la construction de la maîtrise énergétique.
Céline DROZD (ENSA Nantes/CERMA)
Kévin MAHÉ (ENSA Nantes/CERMA)
Ignacio REQUENA-RUIZ (ENSA Nantes/CERMA)
Daniel SIRET (ENSA Nantes/CERMA)
Parce qu’ils sont davantage susceptibles de projeter ou de mener des travaux dans leur habitat, les clients des magasins de bricolage et négoces de matériaux constituent un panel intéressant pour cerner les questionnements sur la maîtrise de l’énergie dans l’habitat. De plus, le magasin de bricolage apparaît comme un lieu essentiel de circulation des savoirs et de construction de l’expertise habitante en lien avec les produits vendus par l’enseigne. Si les enquêtes ethnographiques dans les milieux commerciaux se focalisent habituellement sur les comportements des consommateurs ou sur les pratiques des acteurs internes au magasin, nous proposons ici deux méthodes innovantes dans l’objectif d’étudier la circulation de l’information autour de la maîtrise énergétique.
Dans une première recherche, nous avons cherché à comprendre de quelle manière les images d’analyses lumineuses élaborées en phase de conception d’une habitation et faisant appel à des connaissances techniques, étaient reçues par les habitants. Pour cela, nous avons mené une enquête auprès des clients d’une grande surface de bricolage et les avons interrogés à partir d’images d’analyses lumineuses d’une maison individuelle. Dans une seconde recherche , nous avons mené des enquêtes dans les rayons des produits ayant un impact sur la consommation énergétique du bâti dans différentes enseignes de grandes surfaces de bricolage et de négoces de matériaux en tant qu’observateurs passifs de situations de conseil. L’objectif était dans ce cas d’analyser les modalités d’échange entre habitants et conseillers pour comprendre sur quelles bases techniques et selon quelles modalités pratiques se déploient l’offre de conseil et l’accompagnement des particuliers dans la maîtrise énergétique de leur habitat.
Cette communication présentera les deux méthodes d’enquêtes mises en place dans l’espace commercial autour des questions de maîtrise énergétique de l’habitat en mettant l’accent sur la manière dont l’information circule entre le professionnel et l’habitant et comment elle est comprise, interprétée par celui-ci. L’enjeu se situe au niveau de la construction de l’expertise habitante afin d’améliorer la performance énergétique de l’habitat.
MOTS CLÉS : maîtrise de l’énergie, grande surface de bricolage, négoces de matériaux, fabrique de l’expertise, conseil énergétique.
Le diagnostic territorial. Un outil méthodologique pour territorialiser la responsabilité sociale dans l’industrie pétrolière mexicaine.
Armando GARCIA CHIANG (Universidad Autónoma Metropolitana/Unidad Iztapalapa)
Depuis Septembre 2012, la création d’un nouveau type de contrat appelé Contrat Intégral d’Exploration et de Production (CIEP) par « Petroleos Mexicanos (Pemex) a conduit à l’arrivée de nouveaux acteurs sur le marché du pétrole mexicain.
Ces nouveaux contrats établissent dans ses clauses que les nouveaux opérateurs doivent appliquer, au moins 1 % de son budget annuel, dans des actions de développement social. De la même manière, ils doivent créer des programmes de responsabilité sociale qui peuvent être appliqués durant la durée des contrats (25 à 35 ans). Ces plans doivent contenir des propositions concrètes qui contribuent au développement durable des territoires où opèrent les compagnies pétrolières.
Dans ce contexte une équipe de chercheurs de l’Université Autonome Métropolitaine, du pôle Iztapalapa (UAM1), a développé, sous forme de projets d’assistance technique, sept diagnostics territoriaux dans les secteurs pétroliers de « Santuario» et «Magallanes » dans l’état de Tabasco, « Pánuco », « San Andrés » et « Tierra Blanca » dans l’état de Veracruz, dans la zone maritime de Arenque située face aux côtes de Tamaulipas et dans la zone contractuelle Altamira qui se trouve dans l’état de Tamaulipas. Il est à noter que des professeurs de la UAM-I se sont investis dans ces projets. Ces professeurs ont été assistés par des personnes diplômées de différents instituts de recherche et des élèves appartenant à dix licences différentes de la UAM-I pour qui cette participation signifie une pratique professionnelle et d’apprentissage. L’expérience nous a permis de définir une méthodologie qui donne une analyse territoriale précise et propose une série d’éléments opérationnels qui peuvent être implantés ou transférés aux entreprises pétrolières. Chaque diagnostic territorial a donné lieu à la création de propositions de responsabilité sociale avec un impact territorial susceptible d’encourager le développement local en complément des politiques publiques fédérales, régionales et municipales existantes. Ainsi, il est important de souligner le fait que c’est la première fois au Mexique qu’a été développée l’idée d’une zone d’influence dans laquelle une aire maritime puisse exercer des actions de responsabilité sociale.
Cette méthodologie comprend la mise en place d’une ligne de base sociale et économique, le développement d’un système d’information géographique (SIG), la création d’un plan de responsabilité sociale et l’élaboration d’un ensemble de propositions concrètes pour des actions territorialisées de responsabilité sociale.
Ce document décrit la méthodologie mentionnée ci-dessus et tente de répondre à la question de la responsabilité sociale de l’entreprise ou d’entreprise comme source de financement pour le développement local.
MOTS CLÉS : industrie pétrolière, Mexique, responsabilité sociale, méthodologie, diagnostic territorial.
Réflexions sur la place de la sociologie de l’énergie dans le secteur du bâtiment.
Aurélie TRICOIRE (Université Paris-EST/ CSTB)
Benjamin HAAS(Université Paris-EST/ CSTB)
Dans le secteur du bâtiment, la réduction des consommations d’énergie constitue un objectif important de durabilité, auquel la France a répondu notamment par l’adoption d’une réglementation thermique de plus en plus exigeante. Pour s’assurer de la conformité des bâtiments à ces objectifs, leur consommation est modélisée dès la conception sur la base des cinq usages réglementaires de l’énergie (chauffage, auxiliaires, éclairage, refroidissement et eau chaude sanitaire). Or l’écart entre simulations et mesures réelles de consommation reste important. Une première explication à ce décalage est que le périmètre des calculs réglementaires exclut les usages liés à l’occupant (chauffage d’appoint, électroménager, etc.). Ces « autres usages » représentant un pourcentage croissant de la consommation des bâtiments (en raison de l’amélioration globale de la performance énergétique de ceux-ci), d’aucuns concluent que pour réduire l’écart entre consommations théorique et réelle et atteindre les objectifs fixés par la réglementation, il faut agir sur l’occupant en l’intégrant plus finement dans les simulations et en l’incitant à adopter un comportement vertueux.
En entrant dans le détail des pratiques professionnelles, une autre conclusion émerge. En effet, les résultats de simulation sont caractérisés par une incertitude non-négligeable qui provient d’approximations relatives avant tout aux performances annoncées des matériaux et équipements , plutôt qu’au degré de précision des scénarios d’occupation (directement associée à l’usager). Et si l’on considère les consommations réelles, il apparaît que la qualité de réalisation des travaux et la maîtrise des conditions d’exploitation des bâtiments peuvent être sensiblement améliorés, en travaillant par exemple sur le « talon » énergétique, c’est-à-dire la consommation d’un bâtiment vide de tout occupant.
Dans ce contexte, on constate que les questions posées aux sociologues par les acteurs du bâtiment se focalisent principalement sur la première approche c’est-à-dire sur l’usage, le plus souvent assimilé à l’occupant. Il s’agit de trouver des outils (sensibilisation, incitation économique, etc.) pour que l’occupant se comporte conformément aux objectifs de réduction des consommations. L’hypothèse est que ces changements comportementaux ont un impact sur la consommation. Or tous les projets visant ce seul objectif « comportemental » concluent à l’échec de telles démarches. En effet, les économies réalisées ponctuellement représentent à peine 5 à 10% du total. Évidemment, les actions de sensibilisation sont utiles, tout comme les recherches afférentes. Mais elles ne constituent pas une réponse efficace pour répondre à la demande sociétale de réduction des consommations d’énergie dans le bâtiment. Un gisement massif d’économie d’énergie semble ainsi plus sûrement exploitable du côté des professionnels et des techniques mises en œuvre, objets d’étude sur lesquels la sociologique a des contributions fortes et structurantes à faire valoir.
MOTS CLÉS : réflexivité sociologique, Occupant, Usages, Énergie, Bâtiment.
Comprendre et évaluer l’effort individuel de réduction des émissions de CO2 – Apports de l’Économie et de la Psychologie Sociale aux méthodes d’enquêtes déclaratives.
Dorian LITVINE (ISEA Projects / CREDEN, UM1)
Henrik ANDERSSON (École d’économie de Toulouse /LERNA, UT1, CNRS)
Face à la complexité du problème climatique, les récentes déconvenues des politiques de régulation ainsi que les critiques émises vis-à-vis des plafonds d’émission (cap) avivent l’importance de l’initiative citoyenne. Dans ce cadre, il est important de comprendre la disposition individuelle à réduire volontairement les émissions de CO2. En effet, développer des méthodes fiables d’estimation de la valeur et des préférences que les individus forment pour les biens, services et actifs naturels est essentiel pour concevoir et mettre en œuvre des dispositifs incitatifs et/ou contraignants.
Parmi les méthodes développées en Économie, celles dites par « préférences déclarées » telles que l’Évaluation Contingente (EC) sont fréquemment utilisées pour explorer la valeur que les citoyens attribuent à la régulation climatique. Ces méthodes restent cependant confrontées à deux enjeux majeurs : l’évaluation précise des attitudes/ préférences et les biais déclaratifs.
Nous abordons ces questions méthodologiques sur la base d’une enquête en ligne menée au printemps-été 2009 sur un échantillon représentatif des chefs de famille français (n=1730). Cette étude vise à estimer la disposition des ménages à réduire volontairement leur empreinte carbone via l’Achat et la Rétention de Permis d’Emission de CO2 (noté ARPEC) : chaque permis retiré du marché européen de quotas évite l’émission d’une tonne de CO2.
Trois méthodes tirées de l’Economie et de la Psychologie Sociale sont testées afin d’identifier et d’alléger l’impact des biais déclaratifs sur les estimations, et de réduire l’écart entre déclarations et comportement potentiel. En premier lieu, nous complétons la mesure classique de disposition à payer par deux variables plus contextuelles et qualitatives : l’intention d’achat et la disposition générale à payer (Serait-il envisageable pour vous d’effectuer un jour un ARPEC ?). Cette combinaison permet d’appréhender diverses dimensions de la demande potentielle, et d’en affiner l’estimation.
Ces variables endogènes de la demande sont ensuite intégrées dans un modèle d’action mêlant des facteurs variés : croyances, normes sociales, altruisme, attitudes stratégiques, etc. En offrant une image enrichie des préférences, ces modèles permettent des estimations plus efficaces et robustes.
Enfin, nous appliquons des dispositifs innovants inspirés des méthodes expérimentales. Ainsi, l’intention de chercher de l’information (déclaration) est comparée à l’effort effectif à traiter des données au cours de l’enquête (comportement observé). Nous évaluons aussi chez l’individu le degré de cohérence entre les variables environnementales latentes (attitude, préoccupation, etc.) et son niveau d’engagement écologique (actions régulières déclarées).
En intégrant ces divers dispositifs dans un environnement interactif conçu pour stimuler l’engagement (outils cognitifs sur internet), notre étude améliore l’estimation de la demande et de l’achat potentiels, en allégeant notamment l’impact des biais déclaratifs.
Au-delà de sa contribution méthodologique, et notamment pour l’investigation des comportements écologiques volontaires, notre travail propose des éléments utiles à la définition des politiques publiques et à l’optimisation des mécanismes incitatifs de réduction de l’empreinte carbone. Avec une meilleur compréhension des attitudes/ préférences et des origines du comportement, les réponses d’enquête reflètent davantage la valeur « réelle » des citoyens. Nous appréhendons également davantage le rôle de l’engagement individuel dans les politiques de régulation climatique.
MOTS CLÉS : préférences déclarées, évaluation de la demande, analyse comportementale, biais déclaratifs, psychologie sociale, empreinte carbone.
DES MÉTHODES POUR ACCOMPAGNER
Un éclairage des pratiques des usagers en termes de consommation énergétique dans un contexte technologique innovant par la mise en place d’un dispositif de co-conception : le cas du projet Ecofamilies.
Franck DEBOS (Université-IUT Nice Sophia Antipolis/I3M)
L’objet de ce papier est de montrer comment une démarche de recherche centrée sur un processus de négociation itératif permet une plus grande adéquation d’un dispositif numérique et de la vision managériale de leurs concepteurs avec les attentes des usagers. Ces propos seront illustrés par la présentation du projet Ecofamilies qui a consisté à prototyper et tester, à travers une démarche de co-conception, une solution technologique innovante permettant d’encourager les comportements éco-responsables chez des familles en termes de dépenses énergétiques. Outre les ateliers de design participatifs qui sont au centre du dispositif celui-ci était renforcé par :
• Une enquête en ligne pour établir un profil détaillé des familles volontaires.
• Un blog créant un espace d’interaction entre les familles et l’équipe projet.
• Un film documentaire, mettant en perspective les différentes postures des familles d’expérimentation et permettant une continuité dans les échanges.
L’objectif principal de cette démarche de déterminer une typologie des familles d’expérimentation en fonction de leur implication éco responsable et leur sensibilité technophile mais également développer un dispositif sociotechnique associant une démarche de co-conception à des outils numériques.
Il s’agit pour les différents acteurs de s’engager dans un processus de renouvellement de leurs usages, d’apprendre de l’autre, de ses propres pratiques et de celles provenant de la solution technologique choisie.
MOTS CLÉS : dispositif Numérique, Co-conception, Eco responsabilité, Dépenses énergétiques, Usagers.
Réhabilitation logements sociaux en site occupé : démarche projet pour un résultat alliant satisfaction locataires et performance énergétique.
Victor DE CARVALHO (RCP design Global)
Cécile JOLAS (Université La Rochelle / plateforme TIPEE)
En collaboration avec l’Université de La Rochelle (Plateforme TIPEE), l’agence RCP design global, dans le cadre de son activité de concepteur, accompagne le projet RUPELLA-REHA dans une approche anthropocentrée, au service de l’exploitant et en collaboration avec un consortium d’industriels pour les réhabilitations de 3 bâtiments sociaux rochelais (1954 / 1966 / 1974) prenant en considération les habitants dans un objectif de performances énergétiques et de satisfaction pérenne.
Dans le cadre de ce projet collaboratif, l’agence a étudié la perception des locataires en termes de confort et d’attentes pour les futurs travaux afin de les retranscrire en préconisations de conception. L’intervention de l’agence a également pour mission d’expliquer les pistes de travail, d’accompagner les utilisateurs tout au long du projet, de sensibiliser aux solutions techniques envisagées et d’aider le consortium dans ses choix techniques et budgétaires. Cette étude participe à la satisfaction générale et à l’acceptation des travaux par les occupants.
MOTS CLÉS : perception, réhabilitation énergétique, occupant, préconisations, usage.
« BBC pour tous » : une démarche collaborative pour concevoir des bâtiments performants.
Marika FRENETTE (Bureau d’études Wigwam Conseil)
Delphine SAINT-QUENTIN (Bureau d’études Wigwam Conseil)
Consciente de la nécessité de tenir compte du facteur énergétique dans ses stratégies de développement social et environnemental, Rennes Métropole s’est engagée dès 2009 dans la démarche « BBC pour tous ». L’objectif est de viser la généralisation du standard Bâtiment Basse Consommation conciliant performance énergétique, maîtrise des coûts et qualité architecturale, sans oublier de concilier avec l’objectif de solidarité et de solvabilité des ménages.
La démarche engagée repose sur le constat que, plus que les solutions techniques, ce sont les méthodes de travail qui sont à réinterroger pour permettre la généralisation de ces techniques. Il s’agit de mettre en place de nouvelles méthodes de travail entre les acteurs de la construction, reposant sur le principe du « processus de conception intégré ».
L’approche qui prévaut aujourd’hui repose en effet sur une segmentation de la chaîne de la construction, qui conduit à un empilement des contraintes et des surcoûts. Au contraire, une intégration plus forte, sous la forme d’équipes constituées dès le lancement du projet (collectivité, aménageur, urbaniste, maîtrise d’ouvrage et maîtrise d’œuvre, gestionnaires, entreprises (si possible), BET, bureau de contrôle et usagers) favorise la prise en compte en amont des problématiques énergétiques, ainsi que la maîtrise des coûts tout en visant la qualité.
Dans ce cadre Wigwam Conseil a mis en place la méthode de Processus de Conception Intégrée sur 9 projets menés en parallèle en pilotant et facilitant les ateliers de conception.
Ce projet a été lauréat du prix « Projet Innovant » Fimbacte 2010.
MOTS CLÉS : conception intégrée, atelier collaboratif, intelligence collective, performance énergétique, innovation.
Retour d’expérience sur l’accompagnement de l’usage de 5 bâtiments performants en Isère.
Ludovic GICQUEL (Société Vie to B)
Ce retour d’expérience s’inscrit dans le cadre du projet européen CABEE. La mission confiée à Vie to B était le co-pilotage de l’accompagnement des usagers de 5 bâtiments publics (école, administration, logements sociaux, maison médicale) dans le nord de l’Isère. L’objectif était d’en améliorer la performance énergétique. Après 2 jours de formation sur le changement et l’accompagnement, à destination des exploitants de ces bâtiments, l’accompagnement a eu lieu courant 2014, sous la forme d’environ 25 réunions et ateliers. Riche d’enseignements, cette expérience nous permet de dégager 6 axes de réflexion résumés ci-après.
Méthodologie et posture : critique sur la formation initiale ; pertinence du binôme d’accompagnant technique et social ; importance du cadre matériel et d’un mode de réunion dynamique, équilibré et bienveillant.
Double flux relationnel : avantages de la participation des parties prenantes autour de l’usage ; importance de créer un espace de parole bienveillant ; focus sur 2 ateliers.
Trouver le problème à résoudre : Impossibilité d’évaluer l’ampleur d’éventuels dysfonctionnements dans les consommations énergétiques ; l’occupant désigné à tort comme responsable des contre-performances : enjeux techniques, politiques, organisationnels et financiers.
Ce que l’accompagnement a permis : Effet miroir du diagnostic qui présente les dysfonctionnements, prise de conscience des problématiques de l’usage ; amélioration de la relation usagers / bâtiment : confiance, meilleure compréhension, nouveau cadre opérationnel ; gestionnaires impliqués et autonomes ; potentialité de réplication.
Un pas de côté : du maître d’œuvre, en intégrant les « experts d’usage » (les usagers à à la conception, en organisant la relation bâtiment-usager à la livraison ; pas de côté du maître d’ouvrage en prenant conscience du temps d’adaptation nécessaire, en étant accompagné pour accompagner l’usage.
Regard renouvelé sur la relation bâtiment-usager : miser sur l’ergonomie pour favoriser la relation bâtiment-usager ; nécessité de vivre, d’expérimenter, de construire un vécu en lien avec le bâtiment.
MOTS CLÉS : retour d’expérience, accompagnement des usagers, double flux relationnel, appropriation des usagers, expertise d’usage.
Plateformes de la rénovation énergétique de l’habitat en région Provence-Alpes-Côte d’Azur : de l’expérimentation Rénover + à l’accompagnement des territoires candidats à l’AMI de l’ADEME.
Viviane HAMON (Viviane Hamon Conseil)
Lors des 1ères journées internationales de sociologie de l’énergie, notre communication avait pour objet de présenter un projet d’expérimentation de deux plateformes de la rénovation énergétique de l’habitat en région PACA : Rénover + à Fréjus et Rénover + en Pays dignois. Cette expérimentation qui a duré deux ans arrive à terme, alors que l’ADEME vient de lancer un appel à manifestation d’intérêt pour la généralisation de telles plateformes.
L’évaluation des deux expérimentations locales permet de revenir sur le rôle des collectivités locales et de leurs partenaires de la sphère publique (CMA, E.I.E., ANAH et ses opérateurs…) dans une animation territoriale visant à dynamiser le marché ainsi que les acteurs privés autant du côté de la demande des particuliers que de l’offre des entreprises artisanales.
Fortes de cette évaluation et alors que onze territoires ont manifesté leur intérêt en région PACA, la Région, l’ADEME et la DREAL ont développé une « doctrine » à propos des plateformes de la rénovation énergétique qui se démarque assez sensiblement du paradigme sous-jacent à l’appel à manifestation d’intérêt national basé sur « l’accompagnement personnalisé neutre et indépendant des particuliers ».
La position défendue en PACA propose : un positionnement basé prioritairement sur les « travaux embarqués » auxquels peut s’ajouter un « plus » énergétique ; le principe d’une activation du marché s’appuyant sur tous les acteurs, publics ou privés, susceptibles d’agir sur le passage à l’acte des particuliers et en mesure de prescrire la prise en compte de l’énergie ; une approche segmentée du marché, côté offre comme côté demande, et donc un principe de marketing différencié avec une offre de services adaptée à chaque cible ; la nécessité de prévoir une animation de terrain dense et de mettre, au plan local, des moyens ad hoc en termes de ressources humaines plutôt qu’en aides aux travaux ; une communication non culpabilisante et non centrée sur les aides financières.
Sur cette base, une feuille de route méthodologique a été proposée aux territoires en appui au développement de leur candidature détaillée. L’injonction faite aux plateformes d’atteindre l’autonomie financière à terme suppose de vérifier l’existence d’un marché, d’un intérêt pour l’offre de services proposée, voire un consentement à payer le service (particuliers, entreprises ou autres acteurs économiques impliqués). Cette feuille de route propose donc de concevoir les projets de plateformes sur la base d’un raisonnement de marketing stratégique et opérationnel (ciblage, positionnement, offre de services, plan d’affaire) et constitue une approche totalement nouvelle pour des collectivités territoriales habituées à penser leurs politiques publiques dans une logique d’offre plus que de demande.
L’accompagnement prévu auprès des territoires candidats doit permettre à la fois de favoriser cette nécessaire (r)évolution culturelle et d’envisager les actions qui devront être mutualisées à l’échelle régionale, tout en permettant aux projets de se développer en adéquation avec les spécificités locales de chaque territoire candidat.
MOTS CLÉS : rénovation énergétique, plateformes de la rénovation, demande, entreprises artisanales, politiques publiques.
Vers un kamasutra de l’énergéticien.
Pascal LENORMAND (Bureau d’études collaboratif Incub’)
Marion BOURGET (Bureau d’études collaboratif Incub’)
Fabien MORE (Bureau d’études collaboratif Incub’)
Parmi les acteurs de l’industrie du bâtiment, les ingénieurs de bureau d’étude thermique ont traditionnellement fait reposer leur pratique sur une série de principes ou hypothèses que la généralisation des bâtiments à haute performance énergétique remet aujourd’hui en question. On peut citer parmi ces éléments fondateurs :
- l’oblitération des incertitudes proprement humaines dans les approches calculatoires ;
- la distanciation à l’objet technique « bâtiment », typique d’une approche scientifique newtonienne ;
- un souci du détail technique, laissant souvent de côté la vision globale ;
- la croyance en un « parfait achèvement » du bâtiment à sa livraison.
Ces éléments, parmi d’autres, témoignent en réalité d’une vraie difficulté à faire entrer la réalité vivante du monde dans les pratiques techniques.
Cela se manifeste tout particulièrement :
- dans les phases de conception, où la prise en compte du paramètre humain (usages typiques, dérives probables, etc.) imposerait au concepteur de se projeter lui-même, en tant qu’être humain, dans l’objet conçu ;
- lors des premières années de vie du bâtiment, où la vie reprend ses droits sur un objet technique jusque-là théorique. L’atteinte d’une réelle performance demande des capacités particulières d’écoute de l’usager encore inhabituelles, voire impensées.
MOTS CLÉS : énergéticien, thermique, humanisme, expertise.
Les copropriétaires à l’épreuve de la transition énergétique.
Pierre OLIVIER (Cabinet de conseil COPRO+)
Cécile BARNASSON (Cabinet de conseil COPRO+)
Parmi les gisements d‘économies énergétiques, le bâtiment est un domaine dans lequel il est le plus facile d’agir. Pourtant, dans le secteur de l’habitat collectif privé, en France, les résultats ne sont pas à la hauteur des efforts colossaux de la personne publique, cocktail de perfusions massives et de contraintes Grenelle inefficientes par défaut de copro-compatibilité.
Notre double compétence de praticiens de terrain et de chercheurs en SHS nous permet d’identifier les causes de cet échec programmé et de proposer des remèdes.
En fait, avant d’être un bâtiment, une copropriété est un phénomène sociétal. C’est une structure atypique dans laquelle le seul lien réunissant les associés est la possession d’un bien à une même adresse. Leurs situations et leurs objectifs sont très disparates. Dans ce système de gouvernance où le droit individuel prime sur le collectif, ils sont pourtant censés décider en même temps d’investir conjointement, alors que le concept d’investissement n’existe pas dans la comptabilité. La transition énergétique est ainsi piégée, elle réclame de grands travaux dont le cycle de rentabilité excède largement celui de la durée moyenne de possession des biens. L’inertie reste la principale « force » des copropriétés.
Nous proposons d’analyser en détail cette situation et de présenter nos axes de recherche visant à dynamiser le secteur, en facilitant les décisions collectives :
- Transition juridique bien au-delà des premières avancées de la loi ALUR,
- Changement de comportement des copropriétaires par l’émergence de la notion de patrimoine commun et de ses exigences, à travers une information pertinente, accessible à chaque acteur.
MOTS CLÉS : copropriété, gouvernance, patrimoine, sociétal, copro-compatibilité.