AXE TRANSPORT ET MOBILITÉ
Automobilité au Danemark.
Pascale BLYTH (Université d’Aarhus / Centre pour les technologies énergétiques -CET)
Benjamin SOVACOOL (Université d’Aarhus / CET)
Le Danemark est souvent présenté comme étant un «pays écologique», ayant intégré une grande part d’énergies renouvelables dans son système énergétique, amélioré la balance des paiements par le subventionnement du développement technologique dans les énergies renouvelables et la promotion des transports non motorisés.
Cependant, même dans des sociétés comme le Danemark engagées à abaisser leurs émissions à effet de serre, la décarbonisation du secteur des transports est restée un problème difficile à résoudre. En 2013, le Danemark comptait seulement 1 274 voitures électriques d’un total de 2 237 122 voitures. 28% sont des véhicules diesel. Les moteurs à combustion ont vu une croissance significative ces 20 dernières années et les prévisions sont à la croissance. Les distances parcourues en voiture sont les plus longues en Europe. Les incitatifs fiscaux pour les voitures électriques prendront fin en 2016. Le covoiturage est peu répandu.
Cet article présente des recherches menées sur l’automobilité au Danemark. En particulier, on y examine comment le covoiturage est perçu au Danemark, y compris les éléments qui influencent l’adoption (et la non-adoption) du covoiturage. En effet, les automobilistes et pendulaires semblent être divisés sur le sujet. Les perceptions négatives incluent le manque de disponibilité; la difficulté à trouver un covoiturage, le covoiturage étant perçu comme étant dangereux ou risqué, ou come source de difficulté dans les rapports sociaux, entre autres; et des perceptions positives incluent les économies par rapport aux transports publics et privés, une plus grande flexibilité des temps de déplacement, et l’opportunité de socialiser avec les occupants du véhicule. Cet article présente également des recherches dans le système énergétique basé sur la technologie au Danemark et son impact sur l’automobilité. Ces points de vue divergents sur le covoiturage et les perspectives sur le système d’énergie nous amènent à conclure que les théories existantes peuvent avoir besoin d’être fondamentalement repensées, à la fois au Danemark et peut-être ailleurs.
MOTS CLÉS : automobilité, électromobilité, transitions énergétiques, covoiturage.
Evaluer l’acceptabilité du véhicule électrique par la méthode des scénarios.
Patricia CHAMPELOVIER (IFSTTAR / Laboratoire Transport et environnement, Bron)
Chrystele PHILIPPS-BERTIN (IFSTTAR / Laboratoire Transport et environnement, Bron)
Lénaic POUPON (Université Lyon 2 / GREPS)
Les résultats présentés sont issus d’une recherche expérimentale, dont l’objectif était d’étudier les facteurs individuels et les conditions pour que les individus substituent leur véhicule thermique actuel par un véhicule électrique. Ce dernier est abordé selon deux aspects : le premier en tant qu’objet au travers de ses caractéristiques fonctionnelles grâce aux réactions à l’issue d’une première utilisation. Le deuxième concerne son usage dans la vie quotidienne et le changement de pratique induit par ses caractéristiques (autonomie limitée, système de recharge) qui sont directement liées à l’énergie utilisée. Il s’agit d’explorer les différents profils des utilisateurs potentiels de véhicule électrique ainsi que les motivations à son usage. Au final sont également abordées les modifications qu’engendreraient en matière de déplacement la possession d’un véhicule électrique.
La méthodologie est basée sur une mise en situation avec un ancrage dans les déplacements habituels et sur une présentation de scénarios de substitution. Il s’agissait de développer une méthode qui fournisse aux non utilisateurs de véhicule électrique, les éléments de contexte nécessaires à l’évaluation des caractéristiques du véhicule (autonomie limitée, charge à domicile, etc..) et des implications de son usage au niveau de la vie quotidienne. Nous faisons l’hypothèse que les individus n’ont pas de conception précise des notions d’autonomie, de durée de charge puisqu’elles ne s’appliquent pas aux véhicules thermiques. Cette méthode a été intégrée dans un entretien individuel semi-directif en 2 phases : une description de l’utilisation du véhicule actuel au cours d’une semaine « classique », et une présentation de scénarios d’usage temporaire puis définitif d’un véhicule électrique.
Les entretiens d’une durée moyenne d’une heure ont été réalisés auprès d’un échantillon de 69 personnes. Toutes, possèdent un permis de conduire depuis plus d’un an et dispose d’un véhicule thermique. L’analyse des entretiens a confirmé le peu de connaissances que les individus ont de la voiture électrique (prix d’achat, fonctionnement, coût d’usage) mais aussi le caractère inaccoutumé des questions que pose son utilisation comme la gestion de l’autonomie et de la charge. Lorsqu’ils se projettent dans une situation d’usage du véhicule électrique, ils constatent qu’une autonomie limitée pose surtout un problème pour les déplacements les moins fréquents et qu’il est possible d’imaginer une nouvelle organisation de leurs déplacements intégrant par exemple la location ponctuelle d’un véhicule thermique. De même, le temps de charge les amène à réfléchir aux périodes où leur véhicule est immobilisé (temps de travail, nuit). Une motivation sociale en relation avec des valeurs pro-environnementales apparaît également, elle est facilitée par les bénéfices individuels liés aux coûts réduits de l’énergie mais aussi la satisfaction de donner une image positive de soi.
MOTS CLÉS : véhicule électrique, acceptabilité, usage, scénario.
Faire rouler les autobus urbains au mélange de gaz naturel et hydrogène : quelle perception des usagers ?
Michel CARRARD (Université du Littoral Côte d’Opale/laboratoire Territoires, Villes, Environnement & Société)
Nicolas DUPUIS (Université du Littoral Côte d’Opale/laboratoire Territoires, Villes, Environnement & Société)
Hervé FLANQUART (Université du Littoral Côte d’Opale/laboratoire Territoires, Villes, Environnement & Société)
Les impératifs de la transition énergétique et de la lutte contre le changement climatique conduisent à expérimenter de nouvelles techniques de production, de stockage et d’utilisation de l’énergie. Néanmoins, les résistances qui, dans un passé récent et de manière récurrente, ont émergé face au déploiement de certaines technologies jugées dangereuses et/ou porteuses de nuisances (éolien, gazéification de la houille, méthanisation des déchets, etc.) montrent qu’il est nécessaire de se préoccuper de l’acceptabilité sociale des innovations. La démonstration programmée dans une agglomération du nord de la France pour l’utilisation d’un mélange de gaz naturel et de dihydrogène dans la propulsion des autobus urbains illustre bien cette contrainte : produire des innovations pour réduire les nuisances environnementales et faire accepter ces innovations par la population.
La production de dihydrogène par électrolyse doit en effet permettre d’utiliser les surcapacités des éoliennes, hydroliennes et autres systèmes de production d’énergie qui ne peuvent s’adapter finement à la consommation, et de cette façon lutter contre le changement climatique et décarboner l’économie. Mais on ne sait rien ou peu de l’acceptabilité sociale de cette technologie, des risques qui lui sont associés dans l’esprit du public.
Aussi le consortium constitué autour de l’ADEME, de la Communauté Urbaine et de Gdf-Suez pour faire rouler une partie de la flotte d’autobus à l’Hythane (80% de gaz naturel, 20% de dihydrogène) a-t-il programmé une enquête d’acceptabilité a priori (avant la démonstration). L’enquête, par questionnaire, s’est déroulée en novembre 2014, auprès de 650 passagers du réseau de transport urbain. La passation, d’une durée de huit à dix minutes, s’est faite en face à face, dans les autobus ou aux arrêts. Le matériau recueilli est en cours d’analyse.
Le questionnaire a été structuré de manière à enregistrer l’image que le public a de l’hydrogène et les éventuelles résistances à son utilisation comme carburant. Il s’agit de repérer ces dernières, de les décrypter et les comprendre : Quelles sont-elles ? Quelles en sont les causes ? Ont-elles des précédents dans l’histoire et des ressemblances avec d’autres hostilités à la technologie ? Quelles catégories sociodémographiques touchent-elles en priorité ? Quels sont les acteurs et les explications qui peuvent les faire diminuer ? Etc.
La communication proposée exploitera le matériau recueilli lors de l’enquête auprès des usagers des autobus pour répondre à ces questions.
MOTS CLÉS : vhydrogène, acceptabilité sociale, nouvelles énergies, risque, perception.
COMMOCLES : Contribution du Management de la Mobilité dans le Choix de Localisation des Entreprises et des Salariés.
Agathe DOUCHET (Université Catholique de Lille/ CRESGE)
Aurélie MONTIGNY (Université Catholique de Lille/ CRESGE)
La recherche COMMOCLES a pour objectif d’analyser l’impact des évolutions de la mobilité sur les choix de résidence ou d’implantation d’activités par les individus et leurs employeurs en prenant comme angle d’analyse, le fait d’avoir ou non été sensibilisé par une démarche de PDE dans le cadre du management de leur entreprise/administration.
Tout d’abord, le projet a permis de faire un état de l’art sur cette question et de rencontrer des professionnels de l’immobilier d’entreprises de la région Nord-Pas-de-Calais pour recueillir leur perception quant à une éventuelle évolution des critères d’implantation des entreprises. La recherche a ensuite consisté à établir un panel d’entreprises « avec » et « sans » PDE (9 établissements au total) pour mener des entretiens auprès des responsables. Enfin, un questionnaire en ligne aux salariés des entreprises sélectionnées dans l’étape préalable fut administré. La recherche montre que globalement les démarches de management de la mobilité relèvent bien de processus d’accompagnement du changement. Leurs effets directs sont difficilement mesurables en tant que tels puisque leurs contributions portent essentiellement sur l’évolution des mentalités, des cultures professionnelles et individuelles nécessaires à la prise de décision, l’anticipation et l’adaptation au changement. Pourtant, préparer les esprits à raisonner autrement pour anticiper, se préparer à changer et expérimenter voire accepter de remettre en cause des acquis ou des habitudes managériales représentent des enjeux majeurs. Les entretiens et résultats d’enquête convergent en effet, vers un rôle important des PDE comme outil de management interne sur ces prises de conscience et ces étapes de remise à plat des réflexions individuelles ou collectives, des acquis professionnels.
MOTS CLÉS : Plan de Déplacement Entreprise (PDE), management de la mobilité, politique publique, accompagnement au changement.
Rôles de l’hydrogène à propos de la conception, de la réalisation et de la réception sociale d’un bateau à passagers.
Dominique PÉCAUD (université de Nantes / Centre François Viète)
L’énergie issue de l’hydrogène présente deux qualités distinctes : gagner en indépendance vis-à-vis des énergies fossiles, réduire les émissions de CO2, même si sa fabrication fait appel à d’autres énergies, renouvelables ou non.
En tant que maître d’ouvrage, la mission Hydrogène rassemble différents partenaires pour concevoir et fabriquer un bateau à passagers en milieu urbain utilisant l’hydrogène comme énergie. En effet, le futur bateau remplacera le bateau actuel pour assurer la traversée de la rivière Erdre à Nantes (France), entre Port-Boyer et Petit-Port Facultés. Il jouera également le rôle d’un démonstrateur. Dans ce contexte, l’Institut de l’Homme et de la Technologie (IHT, école polytechnique de l’université de Nantes) a été sollicité pour analyser deux dimensions du projet. La première concerne la manière dont la conception et la réalisation du bateau imposent des modes de coopération entre les différents partenaires. Il s’agit notamment de comprendre si et comment la prise en compte de l’hydrogène comme énergie influence les formes de coopération. La seconde porte sur la réception sociale du futur bateau auprès d’acteurs comme les passagers actuels ou futurs, les riverains, les associations et clubs utilisant à différents titres la rivière, les pilotes du bateau employés par la société de transports.
Il s’agira de rendre compte d’une première année de travail qui a permis d’esquisser les logiques d’action des différents protagonistes, humains et non-humains, inscrites dans un dispositif socio-technique. Cette analyse définit notamment les représentations que se font les acteurs concernés par l’hydrogène et son usage en termes d’avancée technique ou environnemental, mais aussi de dangers et de risques. L’analyse porte également sur le rôle de la recherche-action sociologique entreprise par l’IHT dans l’avancée du projet, mais aussi dans la capacité à définir les traits d’une innovation sociale dans le domaine de la propulsion par hydrogène.
MOTS CLÉS : hydrogène, coopération, réception sociale, relations entre humains et non-humains, recherche action.