INFORMATION ET ACCOMPAGNEMENT : QUELS OUTILS, QUELS ENJEUX ? (Atelier)

AXE ENGAGEMENT, MOBILISATION, CONCERTATION

Eco-consommation et psychologie sociale: Un partenariat acteurs-chercheurs pour la transition énergétique.

Nicolas FIEULAINE (Université Lyon 2/Groupe de Recherche en Psychologie Sociale)
Frédéric MARTINEZ (Université Lyon 2/Groupe de Recherche en Psychologie Sociale)
Yvan BIDALOT (Agence locale de l’Energie de l’agglomération lyonnaise)
Diane GEFFROY (Psychologue sociale)

Comment sensibiliser aux enjeux climatiques ? Comment motiver les transitions nécessaires dans les modes de vie pour réduire l’impact des comportements sur le climat ? Quels sont les obstacles et les leviers pour développer l’attention aux enjeux écologiques ? A partir de ces questionnements partagés, le laboratoire GRePS de l’Institut de Psychologie accompagne depuis 2012 le réseau Info Energie Rhône Alpes, qui rassemble les acteurs de la sensibilisation aux économies d’énergie et à l’éco-consommation, dans ses initiatives et actions de communication et de sensibilisation. Cet accompagnement s’est appuyé sur les travaux récents en psychologie sociale sur les processus de changement, la temporalité et la communication. Au-delà des théories de l’engagement largement diffusées chez les acteurs, la démarche a consisté à interroger les perspectives (dans le temps, l’espace, le social) à partir desquelles les individus et les groupes abordent les enjeux liés à la transition écologique. Plus important encore, il a fallu interroger la convergence entre ces perspectives individuelles et les supports et environnements de communication proposés qui contribuent à définir des horizons et des climats qui s’ajustent plus ou moins à ceux des groupes visés par les actions.
A partir d’une observation et de l’analyse d’actions existantes (repas participatifs, ateliers de quartiers), une formation a été conçue, visant à faire apparaître par des mises en situations les facteurs psychosociaux à prendre en compte dans la conception des actions. Un accompagnent des actions a également été réalisé auprès des acteurs de l’éducation aux économies d’énergie de la région (expérimentation d’une « hotline » psychosociale proposant des conseils pour la conception et l’animation des actions). Enfin, ce partenariat a abouti à la co-conception de nouveaux outils de sensibilisation, en particulier le nouveau calendrier des fruits et légumes de saison , qui vise à favoriser l’achat de produits à faible impact environnemental (de saison, les produits sont plus souvent issus de la production locale et sont moins énergivores). Conçu, ainsi que la communication qui l’accompagne, dans le cadre d’une expérimentation de terrain, ce calendrier est l’occasion d’une étude de son impact sur les perceptions et les usages. Issus des besoins des acteurs, et des derniers développements théoriques en psychologie sociale, la démarche et ses résultats devraient alimenter le débat sur les enjeux, approches et outils pour favoriser la transition énergétique.
En tant qu’acteurs de terrain nous avions besoin de nous réinterroger sur nos pratiques éducatives, que ce soit dans la conception et les valeurs portés par nos action aussi bien que dans la manière de la présentation ou de la communication. L’enjeu étant particulièrement important notamment pour ce qui concerne la réduction des gaz à effet de serre des particuliers. On dépasse la cadre technique de conseils en énergie relativement « justifiables » pour un individu par les économies financières engendrées, pour aller sur le terrain plus personnel des motivations à changer ses habitudes de vie pour aller vers des modes plus sobres en carbone. Le regard extérieur de la psychologie sociale était nécessaire pour franchir ce pas.

MOTS CLÉS : Economies d’énergie, éducation, relations usagers-professionnels, accompagnement scientifique, psychologie sociale.

Effets de feedbacks normatifs sur les comportements et sur la représentation de la consommation d’électricité et de ses comportements.

Johanna LE CONTE (Université Paris Ouest Nanterre La Défense/LAPPS, EA 4386)

De nombreuses études illustrent l’efficacité des feedbacks normatifs en vue d’obtenir une réduction de la consommation en énergie. Ce type d’intervention semble prometteur dans les pays anglo-saxons (Ayres, Raseman & Shih, 2009 ; Petersen & al., 2007 ; Schultz et al., 2007 ; Nolan et al., 2008). Mais positionner son comportement par rapport à celui de ses voisins constitue‐t‐il, dans le contexte culturel français, un levier d’action efficace ? Quels sont les conséquences de cette intervention sur les comportements et la représentation de la consommation d’électricité ?

Dans une première étude, nous avons mis en place des feedbacks normatifs personnalisés portant sur les habitudes déclarées des participants et observé leur effet sur les estimations des comportements liés à l’électricité et de la consommation d’électricité associée. Le message informait le participant de sa position par rapport à la moyenne des étudiants les moins économes en énergie et à la moyenne de tous les étudiants. Dans une seconde étude, nous avons observé l’effet de feedbacks normatifs sur une activité plus ou moins routinière insérée dans un contexte professionnel, la mise en veille de son ordinateur pendant la pause déjeuner.

Les résultats de la première étude montrent que les participants déclarent systématiquement faire plus de gestes et consommer moins d’électricité dans le futur par rapport à aujourd’hui. Les feedbacks normatifs permettent de corriger ces estimations fantaisistes, notamment chez ceux ayant de faibles habitudes. Ces participants sont plus sensibles à la comparaison sociale intégrée au feedback, comparé aux participants ayant de fortes habitudes. Les feedbacks normatifs permettraient donc de concrétiser les estimations de certains individus. Dans la seconde étude, des changements importants de comportements après la mise en place de feedbacks descriptifs et injonctifs ont été observés. Les participants ayant reçu ces types de feedback et qui n’avaient pas pour habitude de mettre en veille leur ordinateur, ont par la suite adopté ce comportement. Chez les individus effectuant déjà le comportement cible à la base, nous observons un effet rebond, à l’instar de l’étude de Schultz et al. (2008) : un feedback, notamment descriptif, a un effet démotivant et diminue la performance. L’ajout d’une injonction permet de compenser légèrement ce résultat (sans pour autant le ramener à son niveau d’origine). Ces résultats nous indiquent donc la nécessité de considérer les comportements passés des individus avant de proposer un retour d’information sur la performance.

MOTS CLÉS : feedback, normes sociales, comportements, réduction de la consommation d’électricité.


L’Energy Living Lab, un écosystème d’innovation pour la transition énergétique.

Joëlle MASTELIC (Haute Ecole Spécialisée de Suisse Occidentale/HES-SO)

Le thème de l’ «Acceptance Sociale» est souvent mis en avant dans le domaine de l’énergie : comment faire en sorte que les innovations développées par les ingénieurs soient «acceptées» par les usagers ?

Le projet de recherche-action suivant s’appuie sur la recherche en innovation ouverte (Chesbrough, 2003). Il part du principe que l’usager ne devrait pas être en bout de chaîne de création de valeur, en tant que celui qui consomme et donc détruit la valeur, mais au début de la chaîne de création de valeur. Il participe à la création des offres de produits et services énergétiques dans un écosystème d’innovation appelé Living Lab, dans lequel un partenariat entre des acteurs publiques, privés et les usagers se met en place (Pallot et al., 2010).

Un projet pilote Energy Living Lab a été lancé par la HES-SO. Une interface physique et virtuelle a été mise au service des parties prenantes de la région pilote, le Chablais suisse, réunissant le distributeur d’énergie local, les transports publics du Chablais, un centre équestre régional ainsi que des associations d’usagers. Trois projets ont été sélectionnés pour tester les hypothèses suivantes : (H1) La méthode des Livings Labs est également applicable dans le domaine de l’énergie (H2) Les idées proposées par les usagers ont de la valeur pour les entreprises privées et publiques au sein du Living Lab.
Ces deux hypothèses ont pu être vérifiées. Le processus d’idéation du distributeur d’énergie a par exemple généré plus de 500 idées de nouveaux services d’efficacité énergétique et celles qui ont été les mieux notées par les experts vont être implémentées dans l’entreprise. Les méthodes impliquant un contact physique avec les usagers semblent générer de meilleurs résultats que celles basées uniquement sur des interfaces virtuelles. La prochaine étape consistera à intégrer de nouvelles entreprises dans l’écosystème d’innovation et à comprendre quelles sont les méthodes de co-création adaptées à chaque étape du processus d’innovation.

MOTS CLÉS : Living Lab, Innovation Ouverte, Développement Régional, Énergie.


Métrologie innovante et éco-comportements au service de la transition énergétique : le projet MIUSEEC au sein de Darwin.

Aline BARLET ( S.C. Psy ECCA ; Laboratoire GRECAU-ENSPABx)
Catherine SEMIDOR (Laboratoire GRECAU-ENSPABx)
Jean-Marc GANCILLE (Groupe Evolution)
Pascale BRASSIER (Nobatek)

En 2010, le groupe Evolution entreprend l’éco-rénovation d’un patrimoine bâti ancien, afin d’y proposer un programme d’activités tertiaires et commerciales, avec une volonté d’exemplarité énergétique et écologique à tous les niveaux : le Darwin éco-système.
Forts du constat que l’usage et les comportements représentent un facteur essentiel et encore sous-exploité dans la maîtrise énergétique, les initiateurs du projet Darwin souhaitent doter le site d’un dispositif de métrologie permettant de stimuler des usages éco-responsables. Or, il a été démontré que les seuls outils de feedback ne suffisent pas aux usagers pour changer leurs comportements. [1]
Le projet MIUSEEC propose donc de réaliser une interface de restitution des impacts environnementaux des usages et comportements, véritable tableau de bord écologique du bâtiment, accessible de façon simple et selon des logiques ludiques basées sur le principe de « gamification ».
Fondé sur une approche participative, ce projet vise également à accompagner les Darwiniens dans cette démarche de diminution du coût environnemental global de fonctionnement du projet, tout en préservant la qualité du cadre de vie.
MIUSEEC repose sur un travail pluridisciplinaire, fortement marqué par l’apport des sciences humaines et sur la participation des Darwiniens à chacune des étapes du projet, de l’analyse du contexte et des besoins à la phase d’évaluation.
En effet, si l’objectif premier de ce projet est de réaliser une interface, celle-ci doit être appropriée et appropriable, répondre aux attentes et aux besoins des Darwiniens tant du point de vue des contenus que de la forme pour avoir un réel impact comportemental.
Cet outil doit jouer le rôle de « condition externe facilitatrice » forte en favorisant le développement des comportements éco-responsables souhaités, d’autant plus que dans le cas de ce projet les attitudes initiales des locataires, vis-à-vis de la problématique énergétique notamment, sont déjà elles-mêmes fortement positives (adhésion au projet, signature d’un bail vert, …).
En somme, le projet MIUSEEC tente de répondre à une question fondamentale en matière de transition énergétique et écologique : sur quels leviers s’appuyer pour une réelle évolution des comportements et une implication sur le long-terme ?
Quelques éléments de réponse émergeront de l’analyse des différentes enquêtes et ateliers participatifs menés avec les Darwiniens dans le cadre de ce projet.

MOTS CLÉS :Sobriété énergétique, comportements éco-responsables, métrologie, démarche participative, bâtiment tertiaire.


Réflexions sur les motivations de l’engagement énergétique : Vers des profils énergétiques ?

Stéphane LA BRANCHE (Science Po Grenoble/ Chercheur Associé Pacte)

L’intervention propose de présenter les résultats croisés de trois différents projets de recherche sur les motivations (et les freins) des ménages à s’impliquer dans des mesures de sobriété et de gestion de l’énergie à domicile.
Le premier projet offre la première évaluation du Défi Famille à Energie Positive, le second porte sur l’appropriation des offres technologiques et de l’effacement d’expérimentateurs dans le cadre du déploiement d’un smartgrid, Greenlys, et le troisième, enfin, sur une expérimentation visant à être déployée sur l’ensemble des ménages du territoire grenoblois par GEG (« Empowering »), sur la capacité de l’information (facture mais aussi suivi par les nouvelles technologies. Notre analyse de FAEP a offert des premiers éléments de réflexions portant sur des profils énergétiques, que l’étude Greenlys a permis d’approfondir et en partie d’en confirmer l’existence. Ensuite, l’analyse d’Empowering a permis de confirmer les hypothèses de profils généraux dans la population. Une particularité de l’étude Empowering doit être notée : une plus forte proportion de ménages précaires, peu analysés par la littérature en matière de sociologie de l’énergie. Cette présence nous permet d’affiner encore davantage notre proposition de profils.
L’intervention présentera succinctement ces trois dispositifs séparément, pour présenter ensuite les profils identifiés dans chacun. Ensuite, il s’agira de comparer nos résultats, pour relever les points communs et expliquer les différences entre les trois groupes, en termes d’importance relative des profils qui fonctionnent selon les logiques suivantes : de confort ; économique ; écologique ; technoludique ; énergiphile et ; de maîtrise de l’habitat (et de soi !).
Nous verrons que si ces profils énergétiques existent dans les trois dispositifs, nous observons qu’ils n’ont pas tous la même importance ni le même poids selon le dispositif. Mais nous observons également des points communs importants transversaux à plusieurs profils et ce, quel que soit le dispositif. Notre analyse nous permet, finalement, de poursuivre nos réflexions sur l’importance relative des valeurs écologistes dans les gestes et pratiques quotidiennes que ce soit en matière de mobilité, d’habitat ou de sobriété et de gestion énergétique. De l’analyse prend le contrepoint d’une partie de la littérature et des questions sur ces enjeux : dans les trois cas analysés, les comportements sont encadrés par des acteurs extérieurs (une association Prioriterre, des grands acteurs industriels de l’énergie pour Greenlys, et une panoplie diversifiée pour Empowering (privé- GEG ; associatif –Hespul ; et parapublic, Agence Locale de l’énergie) qui mobilisent les individus parfois écologistes et parfois pas du tout, de diverses manières. La transition énergétique n’est pas que menée par des politiques publiques et des procédures de concertation institutionnalisées. Car dans les efforts de transition énergétique, les expérimentations sont nombreuses.

MOTS CLÉS : Énergie, représentations, comportement, profils énergétiques.


Freins et motivations à une plus grande efficacité et sobriété énergétiques – EMPOWERING : L’exemple d’une campagne de sensibilisation aux économies d’énergie basée sur le suivi des consommations.

Robin CORDELLA-GENIN (Sciences Po Grenoble)
Stéphane La BRANCHE (Sciences Po Grenoble)
Violaine de GEOFFROY (Agence Locale de l’Energie et du Climat de l’agglomération grenobloise)

Le thème de l’ «Acceptance Sociale» est souvent mis en avant dans le domaine de l’énergie : comment faire en sorte que les innovations développées par les ingénieurs soient «acceptées» par les usagers ?

A l’heure de la transition énergétique et du défi de la lutte contre le changement climatique, les politiques publiques ne cessent de quantifier des objectifs toujours plus élevés en termes d’économies d’énergie et de réduction de la consommation énergétique finale. Les ménages représentent à cet égard un groupe clé à cibler. L’accompagnement à une plus grande sobriété et efficacité énergétiques nous amène à revisiter les postulats selon lesquels l’amélioration de l’information des consommateurs amènerait des changements de comportements et les économies d’énergie souhaitées.
C’est dans ce contexte que prend place notre étude sociologique associée au projet Empowering, campagne œuvrant pour la Maîtrise de la Demande en Électricité via des outils de feedback et de suivi de la consommation, auprès de consommateurs résidant dans la ville de Grenoble.
Notre recherche a exploré les représentations de l’énergie ainsi que les leviers et les freins jouant un rôle dans l’appropriation – ou non – des informations censées amener des modifications de pratiques. Elle fait suite à d’autres recherches menées par S. La Branche sur ces questions (sur le Défi Famille à Energie Positive avec F. Sirguey, les smartgrids avec A-L. Nicolet ou les écoquartiers, Nexus, dirigé par G. Debizet) mais y apporte un regard nouveau, en accordant une importance spécifique aux ménages précaires. Si ces derniers ont été bien investis par la sociologie, ils ne l’ont été que partiellement en sociologie de l’énergie, et notamment sur les problématiques récentes d’efficacité, de sobriété et de gestion de l’énergie à domicile (souvent liées aux nouvelles technologies). L’analyse, fondée sur une trentaine d’entretiens semi-directifs et avec une comparaison avec d’autres études récentes sur les mêmes questions offre des réponses aux questions suivantes : les précaires ont-ils des représentations de l’énergie différentes des ménages non précaires ? Leurs profils énergétiques sont-ils différents ? Leurs valeurs, motivations et freins en matière de sobriété et de gestion de l’énergie à domicile diffèrent-ils ? Notre analyse offre ainsi, plutôt qu’une critique, un approfondissement de résultats déjà produits dans ce champ.
La première partie de l’intervention présentera les profils des expérimentateurs, leurs motivations, leurs logiques d’action et la façon dont leurs pratiques de consommation d’énergie, qui en découlent – ou parfois fonctionnent en autonomie –, se construisent. La seconde répondra aux questions soulevées en y offrant des éléments d’explication. Cette recherche suggère que les motivations des précaires ne sont pas fondamentalement différentes de celles détectées dans d’autres études. Cependant, on note des différences dans leurs représentations et leurs profils énergétiques. Notamment, ils tendent à être davantage dans des logiques d’action plurielles – parfois complémentaires, parfois en opposition.

MOTS CLÉS : Sobriété énergétique, changement de comportement, suivi de consommation, précarité énergétique, profils énergétiques.


Communication et changement de comportement : analyse de 40 ans de campagnes de communication de l’ADEME pour la réduction de la consommation énergétique dans les logements.

Aurélien ALFARÉ (Université Lyon1)
Benoit URGELLI (Sciences Po Grenoble)
Eric TRIQUET (ESPE Ecole Supérieur du Professorat et de l’Education Grenoble,; Université Claude Bernard Lyon 1/laboratoire S2HEPH )

Depuis le premier choc pétrolier en 1973, les pouvoirs publics français tentent d’agir sur le comportement des ménages pour réduire leur consommation d’énergie. Pour ce faire, ils lancent régulièrement – via l’Agence de l’Environnement et de la Maîtrise de l’Energie (ADEME) – des campagnes de communication « grand public » promouvant des comportements économes. Mais des études sociologiques (Brisepierre, 2013 ; Comby, 2013 ; Pautard, 2009) ont montré que ces campagnes n’ont pas engendré de changement majeur de comportement. Cet échec serait dû, au moins en partie, à un modèle de communication de l’ADEME construit autour d’une certaine représentation des publics et d’un certain rapport aux savoirs et à l’expertise scientifique.
Afin d’explorer cette hypothèse, nous avons tenté de caractériser ce profil communicationnel et son évolution depuis 1973. Partant d’un cadre théorique entre didactique et communication dans une perspective de science studies, nous considérons que les plaquettes de communication de cette agence sont des discours constitués de savoirs, certains « socialement vifs », qu’il s’agit de transmettre à des publics variés (niveau de connaissances, sensibilité aux problèmes d’environnement, etc.) afin de modifier leur comportement de consommation d’énergie. Nous avons analysé ces plaquettes de communication afin de préciser leur structure discursive (Charaudeau, 2008) ainsi que le rapport aux savoirs (Favre, 1997), le traitement des controverses (Moreau, 2014) et la représentation des publics (Trench, 2008) dans ces discours.
Les résultats de notre analyse des plaquettes révèlent que le profil communicationnel de l’ADEME est stable depuis 40 ans. Le discours, d’apparence consensuelle, mobilise l’expertise scientifique pour présenter des solutions que les ménages doivent mettre en œuvre pour en tirer des bénéfices, principalement économiques. Les ménages sont perçus comme un public uniforme, à informer, et en attente de solutions pour réduire leur consommation énergétique. L’ADEME expose par ailleurs un rapport « dogmatique » aux savoirs (Favre, 1997) qui tend à exclure les controverses, comme par exemple celle portant sur les lampes à basse consommation.
Même si l’analyse menée ici reste partielle au regard de la diversité des stratégies de communication de l’ADEME visant le changement de comportement, nous pensons avoir commencé à caractériser un modèle de communication. Nous reformulons aujourd’hui notre hypothèse de la manière suivante : ce modèle peut être un obstacle aux changements dans la mesure où il ne prend pas suffisamment en compte les spécificités des publics en termes de questionnement, de valeurs, de représentation et dans la mesure où il ne parvient pas à inscrire la communication dans une visée citoyenne.

MOTS CLÉS : Economies d’énergie, comportement, discours, savoirs, publics.


L’appropriation du suivi des consommations d’énergie et ses conditions d’efficacité sur les pratiques habitantes.

Gaëtan BRISEPIERRE (sociologue indépendant, bureau d’études GBS)

Les pouvoirs publics ont décidé la généralisation dans tous les foyers français de compteurs communicants pour l’électricité et le gaz d’ici à 2020. Ces investissements, qui seront remboursés via un prélèvement sur les factures d’énergie des consommateurs, sont officiellement justifiés par la prétendue capacité de ces dispositifs à générer des économies d’énergie. Autrement dit, ils reposent sur l’hypothèse selon laquelle l’amélioration de l’information du consommateur grâce au service de suivi l’incitera à adopter des comportements plus économes.
Cette communication a pour objectif d’infirmer ce postulat en montrant que l’information n’est efficace que dans le cadre d’un dispositif plus global d’accompagnement au changement. Elle repose sur quatre enquêtes de terrain réalisées sur les acteurs et les participants de campagnes de sensibilisation à la maitrise de l’énergie incluant le principe d’un suivi individualisé et actualisé des consommations. D’un côté des dispositifs mis en place par des bailleurs sociaux suite à l’entrée dans un BBC ou à l’installation d’un système d’affichage TV des consommations, de l’autre le concours Famille à Energie Positive dans deux régions françaises.
D’une part, nous mettrons en évidence que l’information n’existe pas en soi, elle est diffusée via des dispositifs dont il faut comprendre le sens pour les acteurs. L’intérêt affiché par les habitants pour les données de consommation reste très limité, cette désaffection renvoie à des conditions d’entrée dans le dispositif bien souvent décourageantes. Pour autant, ces données apparaissent comme une condition de possibilité de nouveaux dispositifs de sensibilisation portées par les acteurs territoriaux. L’usage de ces données est à la fois le support de financement de ces campagnes mais aussi de nouvelles relations avec les participants. De plus, l’agrégation de ces données laisse entrevoir de nouvelles possibilités d’action de maitrise de l’énergie au niveau d’un parc de bâtiment ou d’un territoire.
D’autre part, nous montrerons que les services de suivi des consommations ne peuvent aboutir à des changements de comportements durables que s’ils sont insérés dans un dispositif reposant sur trois leviers : cognitif, matériel et social. D’abord, l’appropriation des données de consommation brute est très relative, elles prennent sens quand elles sont associées à des apprentissages concrets concernant les moyens d’action ainsi qu’à une valorisation sociale des gestes économes. Ensuite, la dimension matérielle à travers tous les objets qui contribuent à soutenir les efforts de modification des routines quotidiennes, ainsi que l’inscription dans un cours d’action de long terme visant la transformation du bâti. Enfin toutes les dynamiques relationnelles qui s’instaurent au sein des familles, entre les participants à une même campagne, et avec les porteurs, jouent en définitive un rôle clé sur la métamorphose des pratiques dans la durée.

MOTS CLÉS : Campagne de sensibilisation, Changement des comportements, Compteurs communicants / intelligents, Suivi des consommations, Accompagnement.


Linky, la fabrique d’un conteur électrique.

Marc POUMADERE (Institut Symlog, Paris)
Raquel BERTOLDO (Université Aix-Marseille)

Face aux menaces du changement climatique, les pouvoirs publics visent l’objectif d’une société plus sobre énergétiquement. Une plus grande efficacité est espérée en numérisant le réseau électrique et la consommation d’électricité, grâce notamment à une meilleure prise de conscience par l’usager de ses choix et comportements. Au sein de ce dispositif, le nouveau compteur communicant paraît emblématique des efforts engagés. Un échange entre les individus et leur « conteur électrique » est attendu, dans la mesure où un feed-back rapide et précis sur la consommation d’électricité leur permettrait d’expérimenter de nouveaux usages.
Une recherche de terrain auprès de personnes équipées du nouveau compteur Linky et reposant sur un ensemble méthodologique d’inspiration ethnographique (réunions de groupes, journal individuel, questionnaires, élaboration collective) a permis d’approcher les modalités d’appropriation concrète du compteur communicant.
Les raisonnements des participants portent d’abord sur l’objectif de la consommation durable qui paraît difficile à mettre en œuvre dans la vie quotidienne, bien que globalement accepté. Sont considérés ensuite différents niveaux de responsabilité pour départager ce qui relève des sphères publique ou privée. Les participants relèvent également la contradiction entre la quête d’une certaine sobriété et l’incitation généralisée à consommer plus. Enfin, le modèle dominant de l’individualisme consumériste est mis à distance pour envisager des modes de consommation plus collective et conviviale.
L’utilité du feed-back pour faire des économies n’est donc pas a priori remise en cause et Linky semble pouvoir trouver sa place de « conteur électrique ». Toutefois, il convient de relever que l’implication des participants dans les délibérations et l’élaboration en petit groupe, a vraisemblablement contribué à faciliter l’appropriation du compteur communicant comme innovation technologique et instrument de politique publique. Dans ces conditions, une forme d’empowerment a renforcé la capacité d’innovation des participants. Le nouveau compteur, investi en tant qu’objet social, a déclenché une prise de conscience plus large de la consommation, devenue un enjeu de changement à considérer sur plusieurs niveaux.
Le compteur communiquant apparaît simultanément comme un dispositif technologique, un instrument de politique publique, et un objet social. La fabrique de cet ensemble « socio-politico-technique » est complexe car chaque axe est irréductible aux autres. L’objet social peut jouer un rôle central dans la mesure où il rend possible une appropriation créative des fonctionnalités techniques pour contribuer à la politique publique de sobriété. Le déploiement du nouveau compteur constitue une opportunité rare d’associer les citoyens aux enjeux de la transition énergétique. Il s’agit donc d’un test pour la société: est-elle capable de décloisonner son fonctionnement pour ouvrir effectivement la réflexion au plus grand nombre ?

MOTS CLÉS : Linky, feed-back, ethnographie, empowerment, ouverture.


Familles à Energie Positive, un exemple d’incitation à la sobriété énergétique : quelles dynamiques sous-jacentes ?

Evelyne CORDEAU (Université de Nantes/LEMNA-TEPP)

Cette communication repose sur le terrain d’études de ma thèse, à savoir le défi Familles à Energie Positive. En effet, ce défi cherche à transformer les modes de vie des participants afin de les amener vers une sobriété énergétique. Nous nous interrogerons alors sur le profil des participants au défi et sur les déterminants liés à leur réussite.
Tout d’abord, expliquons un peu le défi : il existe en France depuis 2008, mis en place par l’association Prioriterre, comme une adaptation du défi au niveau européen Energy Neighbourhoods. L’objectif est de réduire les consommations énergétiques d’au moins 8% par rapport à l’hiver précédent en modifiant seulement son comportement par des éco-gestes. Cela concerne tous les éco-gestes prescrits pour diminuer l’énergie liée à son chauffage : baisser la température, nettoyer ses radiateurs, mettre un isolant dernière le radiateur … C’est également valable pour les dépenses énergétiques liées à la cuisson, comme pour les dépenses d’électricité. Ce défi repose sur l’idée d’équipe (les performances individuelles ne comptent pas, seule la baisse de toute l’équipe est significative) avec un capitaine qui sert d’animateur et de relais d’informations entre les familles et l’organisateur. En moyenne, sur l’édition 2013-2014, les équipes participantes en France ont réalisé 18% d’économie d’énergie par rapport à l’année précédente, donc au-delà de l’objectif fixé.
Grâce aux données de consommation énergétique des participants de l’édition 2013-2014 et à un questionnaire adressé à l’été 2014, nous chercherons à dresser plusieurs profils de consommateurs selon les variables socioéconomiques, le mode de vie de la famille, etc., mais nous explorerons aussi les causes de leur réussite dans le défi. En effet, on remarque par exemple, un lien fort entre l’appréciation du défi et la réduction de la consommation énergétique. Nous souhaitons ainsi mettre en exergue le processus de changement via les notions utilisées souvent en psychologie sociale et en sociologie telles que l’engagement, l’importance d’un objectif chiffré, le rôle des feedbacks soit le suivi de la consommation en temps réel, mais aussi le rôle de l’entourage c’est-à-dire le pouvoir de la norme sociale «de proximité» sur le changement de comportement, ou encore la sensibilité environnementale. Nous espérons aussi pouvoir compléter l’analyse avec un questionnaire sur la pérennité des gestes sur les premiers participants.
Pour conclure, cette communication repose sur la mobilisation de différents champs disciplinaires comme l’économie, la sociologie, la psychosociologie, voire les sciences politiques en considérant le défi pour une action de politique publique visant à réduire les émissions de CO2 de son territoire. Ainsi, il est important de mieux connaitre les habitants qui s’inscrivent volontairement dans cette recherche de sobriété, afin d’améliorer les processus de changement de comportement des habitants dans la lutte contre le changement climatique.

MOTS CLÉS : Economie de l’environnement ; Comportements énergétiques ; Sobriété ; Incitations comportementales.


Réduire la consommation d’énergie domestique avec les Smart Grids : politiques d’accompagnement et d’incitation dans les Smart Communities japonaises.

Benoit GRANIER (Université de Lyon /Institut d’Asie Orientale-IAO – UMR 5062)

Face au défi de la transition énergétique, un consensus semble se cristalliser sur la nécessité de favoriser un certain nombre de changements sociaux et techniques. En particulier, les individus devraient impérativement consentir à changer leurs comportements et modes de vie. Ils sont ainsi incités non seulement à réduire leur consommation d’énergie, mais également à vivre de manière appropriée avec un certain nombre de dispositifs techniques devant produire des économies d’énergie substantielles.
Cependant, les promesses d’économies d’énergie portées par ces systèmes techniques (Renauld 2012, Zélem 2010), au premier rang desquels les « réseaux électriques intelligents », sont loin d’être tenues et les résultats s’avèrent décevant. En effet, d’une part les habitants sont écartés de la conception de ces systèmes, qui ne prennent par conséquent que peu en compte leurs pratiques ; d’autre part le manque d’accompagnement concernant l’usage des dispositifs techniques expliqueraient ces déconvenues (Zélem, Gournet & Beslay 2013, Strengers 2013).
L’ambition de la communication est de s’intéresser à des expérimentations de « réseaux électriques intelligents » qui, à défaut d’impliquer les habitants dès la conception, vont au-delà de la simple et insuffisante transmission d’information (Bartiaux 2008) et mettent en oeuvre d’ambitieux dispositifs d’accompagnement et de conseil tout en ajustant certains éléments du système technique en fonction du feedback des usagers. Ces caractéristiques – non-exhaustives – sont en effet celles des quatre Smart Communities, sélectionnées et soutenues par le gouvernement japonais depuis 2010. Il conviendra d’étudier l’articulation de ces mesures d’accompagnement avec la multiplicité d’incitations économiques, ludiques, sociales et morales délivrées. Enfin, il s’agira aussi d’analyser les effets de ces outils sur l’engagement et les pratiques de consommation d’énergie des habitants, et d’identifier les limites et impensés d’une telle stratégie.

MOTS CLÉS : Smart Grids / réseaux électriques intelligents, transition énergétique, consommation domestique, changement de comportement, Japon.


La maîtrise de l’énergie par la rénovation énergétique et les systèmes d’information en logement social.

Christophe BESLAY (BESCB)
Romain GOURNET (BESCB)

En France, près de 10 millions de personnes vivent en logement social, 755 bailleurs sociaux gèrent quelques 4,2 millions de logements. Ces logements concentrent les ménages en grande difficulté sociale (vieillissement, insécurité, paupérisation, précarité énergétique, etc.). De leur côté, les bailleurs sociaux font évoluer leur patrimoine vers des bâtiments performants (constructions et rénovations de type BBC) qui modifient les modes d’habiter. L’accompagnement des locataires devient une condition de la performance énergétique des nouveaux logements et de la prévention de la précarité énergétique.
La communication reposera sur l’expérience de Pas-de-Calais Habitat, 3ème office public de l’habitat en France, avec près de 40.000 logements, qui se pose en bailleur innovant, porteur de nouvelles solutions techniques et à l’écoute de ses locataires. Dans le cadre de deux programme européens (IFORE – Innovation For REnewal – et EnergyTic), Pas-de-Calais Habitat a mis en œuvre un accompagnement sociotechnique global basé sur : 1) une opération innovante de rénovation de maisons individuelles (isolation par l’extérieur, murs trombes, fenêtres pariétodynamiques, etc.), 2) l’organisation d’activités collectives pour les locataires : ateliers d’échanges en amont des travaux de rénovation, visites inter sites, visites transmanche, manifestations festives, etc. 3) le recrutement d’une équipe d’Ambassadeurs de l’habitat pour accompagner les locataires dans l’appropriation de leurs nouveaux logements, 4) l’information énergie avec un service de suivi des consommations d’énergie sur tablettes numériques dont plus de 300 ont été distribuées à des ménages volontaires, 5) l’évolution du métier des personnels de proximité dont près de 600 vont être formés à l’accompagnement des locataires à la maîtrise de l’énergie.
L’analyse de ces opérations montre que les solutions techniques ne suffisent pas, mais doivent être accompagnées par des acteurs humains de confiance. L’accompagnement à la maîtrise de l’énergie devient un prétexte à l’instauration de nouvelles dynamiques sociales et de nouvelles relations de proximité entre le bailleur et les locataires, ouvrant de manière non stigmatisante sur l’ensemble des problèmes auxquels sont confrontés les ménages (santé, isolement, budget, etc.). De leur côté, les personnels de proximité voient leur métier considérablement revalorisé, passant de la gestion des réclamations et des poubelles, au conseil sociotechnique et à l’écoute des problèmes des ménages. Ces orientations bousculent les formes de management et l’ensemble de l’organisation du bailleur qui doit adapter ses fonctionnements internes et s’ouvrir à de nouveaux services à la personne.

MOTS CLÉS : logement social, rénovation, information énergie, accompagnement sociotechnique, évolution des métiers.


L’importance du facteur sociologique dans l’expérimentation de Watt & Moi, un dispositif de suivi détaillé de sa consommation d’électricité sur Internet.

Mikaël LEGROS (Senzo, Institut d’études sociologiques et marketing)
Émilie BLOSSEVILLE (Senzo, Institut d’études sociologiques et marketing)
Fabien COUTANT (Atlante & Cie, Cabinet de conseil en stratégie en énergie)

ERDF, gestionnaire du réseau public de distribution de l’électricité et GRANDLYON HABITAT, bailleur social de l’agglomération de Lyon, ont mené pendant deux ans l’expérimentation Watt & Moi : 1 116 foyers équipés des compteurs d’électricité communicants Linky ont eu accès à leurs données détaillées de consommation d’électricité via un site Internet securisé et ont bénéficié d’un accompagnement pédagogique.
Alliant enquêtes sociologiques sur toute la durée de l’expérimentation et analyses quantitatives, Watt & Moi a permis d’analyser en profondeur la manière dont les locataires ont accueilli le dispositif, se le sont approprié et ont fait évoluer leurs comportements en matière de gestion de l’énergie. Le projet a été mené sous l’égide de la Commission de Régulation de l’Energie et l’ensemble des résultats a été régulièrement communiqué auprès de l’ensemble des acteurs de l’énergie.
Cette expérimentation, unique en France, a démontré au bout de deux ans que l’adoption d’un service tel que Watt & Moi repose avant tout sur une éducation et un héritage comportemental propices. Le service a été très apprécié des utilisateurs et son usage s’ancre dans leurs habitudes de consultation sur Internet. Watt & Moi constitue un outil de sensibilisation efficace, qui responsabilise les consommateurs, les incite à mieux suivre leur dépense énergétique et guide leurs pratiques de maîtrise de l’énergie.

MOTS CLÉS : Linky; maîtrise de l’énergie; éducation; site Internet; évolution des comportements.


Accompagnement de projets scolaires dans le contexte d’une rénovation énergétique efficace : un défi particulier.

Edith HOLLÄNDER (Institute for Resource Efficiency and Energy Strategies, Karlsruhe, Allemagne)

Les collèges représentent un environnement idéal pour adresser le sujet de l‘efficacité énergétique à l’occasion d’un assainissement (énergétique) d’un bâtiment scolaire. Traiter les sujets d‘efficacité énergétique en classe a le potentiel de sensibiliser les élèves et les étudiants. Cela peut influencer leur comportement et mener à un changement d’habitudes. Evaluer de tels effets basés sur la méthodologie de l’enquête par questionnaire est un défi particulier. En plus, il y a seulement peu d’articles qui s’occupent de ce sujet (par exemple Madge et al. 2012). Notre équipe a accompagné, jusqu’à maintenant, environ 50 collèges dans le cadre de projets de recherche scientifique.
Au cours d’un projet-pilote nous avons développé un questionnaire standard pour des élèves et des étudiants (agés de 10 à 18 ans) ainsi que pour des professeurs visant à l’évaluation des conditions climatiques des salles de classe. Le thème central représente la comparaison entre la situation nouvelle par rapport à l’ancienne. Il s’agit d’un questionnaire en papier, à remplir avec stylo. Le temps de le remplir ne devrait pas excéder les 15 minutes. Le questionnaire doit être compris par les élèves sans explication personnelle. En plus, nous avons constaté que le questionnaire pour le prof doit différer de manière évidente de celui des élèves. Le procès de coopération s’est révélé difficile étant donné le nombre de parties prenantes: pour lancer l’opération, on a besoin de l’administration, du directeur du collège et en partie des parents. Pour effectuer l’enquête, on a besoin du secrétariat, des profs, des élèves, en partie de l’administration, du directeur ainsi que du téchnicien. L’information écrite et envoyée par courriel aux collèges comprenait la lettre de support de la part du Ministère, une lettre pour le directorat et les profs ainsi que, dans quelques cas, une lettre pour les parents demandant leur consentement à l’enquête. Les résultats de chaque enquête reflétant la situation respective sont offerts aux collèges en tant que remerciement pour la participation. Nous avons chargé un contractant externe pour entrer des données des questionnaires. Le taux de retour était de 65 %. Le contrôle de plausibilité a mené à une correction du fichier de données: En raison de données manquantes (parfois plus de 70 %), quelques questionnaires ont été exclus de l’analyse. De fausses réponses ont été détectées par des tests spécifiques. Les problèmes de questions rétro-perspectives ont été adressés et discutés. Des questions ouvertes aident à identifier les élèves qui n’ont pas pris l’enquête au sérieux. Etant donné le caractère du projet, la sélection des collèges ne s’est pas effectuée au hasard. En plus, l’allocation d’élèves au groupe-contrôle et au groupe de teste n’a pas été non plus au hasard. Il n’est donc pas exclu qu’il n’y ait pas de biais par rapport au prélèvement et à la sélection. Nous présumons, pourtant, que soit le prélèvement soit le groupe-contrôle ne diffère pas beaucoup de la population par rapport à des facteurs importants.

MOTS CLÉS : Rénovation énergétique, recherche accompagnée, efficacité énergétique, enquête scolaire, comportement des utilisateurs.


Affichage des consommations et réflexivité des ménages: construire une Culture domestique de l’Energie par l’information.

Christèle ASSEGOND (Université François Rabelais-TOURS/CETU ETIcS ; Laboratoire CITERES)

Longtemps maintenu dans une posture de passivité voire d’ignorance, le consommateur citoyen est aujourd’hui mis en demeure de prendre une part active dans la transition énergétique. Mais comment l’impliquer dans un processus qui le concerne, mais dont les enjeux collectifs lui échappent ? Une des voies activement explorée repose sur l’hypothèse qu’une mise à disposition d’informations sur les consommations d’énergie permettrait de faire évoluer favorablement les pratiques des ménages vers plus de sobriété. D’un point de vue institutionnel, la performance des dispositifs d’information est généralement analysée à partir de sa capacité à induire des économies d’énergie immédiates. La pertinence d’une évaluation basée sur cet unique critère technico-économique est aujourd’hui largement discutée et les recherches, en particulier sur les terrains européens, tentent de qualifier plus finement les liens entre informations et prise de conscience des enjeux énergétiques.
Les résultats de la recherche collaborative AffichEco menée de 2010 à 2013 en région Centre (France) montrent, à partir de l’observation sociologique de la réception d’un dispositif technique d’affichage permanent des consommations électriques par postes, que l’information n’agit pas comme un stimulus appelant une action simple en retour mais qu’elle engage des processus de nature complexe. Ainsi, les entretiens approfondis menés auprès d’une trentaine de ménages mettent en évidence la manière dont les informations délivrées participent largement d’une culture de l’Energie. Si elle ne conduit pas à des économies d’énergie immédiatement perceptibles, cette culture constitue un préalable indispensable à la compréhension des enjeux énergétiques par les ménages et de fait à leur engagement actif dans une démarche de maîtrise de l’énergie. Ces résultats invitent donc à considérer l’évaluation de l’efficacité des dispositifs d’affichage des consommations non plus sous l’angle unique des économies d’énergie à court terme mais également sous celui, beaucoup plus stratégique à long terme, de l’accompagnement au changement.

MOTS CLÉS : information, consommation d’énergie, culture de l’énergie.